Le Ministre de l’Éducation nationale a annoncé le lancement d’une mission de transformation de la voie professionnelle scolaire pour combler le « déficit d’image et la réticence des élèves et des familles à opter pour [ces] formations ».
Objectifs et domaines touchés par la réforme
Le certificat d’aptitude professionnelle (CAP), le Bac professionnel ainsi que le Brevet de technicien supérieur (BTS), en bref toutes les formations de la voie professionnelle scolaire, devraient être touchées par cette réforme. Son lancement suit la foulée des deux autres réformes touchant l’apprentissage et le lycée.
Cette mission de transformation a pour objectif de remédier à la mauvaise image de la voie professionnelle et lever ainsi les réticences des élèves et des familles à son sujet, selon le communiqué diffusé par le Ministre.
La mission a été confiée à la députée Céline Calvez et le grand chef cuisinier Régis Marcon, qui doivent organiser des rencontres avec les organisations patronales, les organisations syndicales d’enseignants ainsi que les associations de parents d’élèves dès la fin de ce mois de novembre. Ils devraient ensuite envoyer leur rapport pour le début de l’année prochaine, qui sera suivi d’une concertation pour arrêter les premiers changements qui devraient être appliqués dès la rentrée 2018.
A l’heure actuelle, les intentions du gouvernement concernant la transformation de la voie professionnelle restent relativement floues, malgré les quelques pistes qui ont été dévoilées.
L’apprentissage à l’honneur ?
La réforme de l’apprentissage qui intervient en même temps que celle de la voie professionnelle a pour finalité l’augmentation du nombre d’apprentis et l’amélioration de l’attractivité de ce type de formation. Il faudra attendre les conclusions de la mission d’apprentissage pour voir celles de la voie professionnelle.
Selon un membre du syndicat d’enseignants professionnels, le lancement de cette mission démontre une volonté de donner plus de poids à l’apprentissage au sein de la voie professionnelle scolaire. Il s’agirait également d’aider au développement des parcours mixtes, lequel permet par exemple à l’élève de suivre une première année sous statut scolaire et deux autres années en tant qu’apprenti.
Diminution du volume des enseignements généraux ?
Avec cette mission, il se peut qu’il y ait une évolution de la place des enseignements généraux comme la philosophie, l’histoire ou encore les maths. Ainsi, leur nombre pourrait diminuer afin de permettre de mieux se concentrer sur les savoirs fondamentaux comme les mathématiques ou le français.
Les étudiants se voient souvent critiqués par les entreprises pour leur « manque de savoir-faire », d’où une très probable augmentation de la part des enseignements professionnels. Il s’agit de mieux lier les formations aux besoins économiques des territoires.
Des formations moins spécialisées ?
A part des contenus, des modifications pourront également être apportées aux intitulés des diplômes. Ainsi les Bac Pro pourraient être organisés de façon à privilégier d’avantage les champs professionnels que les métiers ou familles de métiers précis.
Cela devrait permettre de remédier au fait que les élèves soient encore très nombreux à décrocher en cours de cursus car ils ne savent pas encore vers quels métiers se tourner et se retrouvent au sein de filières très spécifiques ne convenant pas forcement à leurs attentes.
L’ambition du gouvernement est donc d’influer sur le taux de décrochage en limitant la spécialisation des formations. Un changement pourrait aussi intervenir dans l’appellation de nombreuses formations et la spécialisation devrait se faire de manière progressive.
Un souci pourrait cependant se poser avec la diminution de la place d’enseignements concrets, nuisant ainsi à l’essence de ces formations.
Revalorisation du BEP
Sur le marché du travail, le Brevet d’études professionnelles n’a que très peu de poids. Il s’agirait donc d’amorcer une revalorisation de ce diplôme intermédiaire passé en cours de cursus du Bac Pro. Pour ce faire, il se pourrait qu’il se passe sous forme d’épreuves anticipées comptant pour l’obtention du baccalauréat.
Les autres pistes de transformation
Beaucoup d’autres évolutions sont à l’étude, notamment le renforcement des partenariats avec des établissements étrangers, pour faciliter l’échange d’étudiants. De plus, le gouvernement réfléchirait également à créer des campus uniques qui regroupent lycées professionnels et centres de formation d’apprentis (CFA).