Le Cnam et l’Hesam Université ont publié une étude sur l’hybridation des formations et sur ses conséquences pour les acteurs du monde de la formation.
L’hybridation, un concept flou
Les auteurs retire douze enseignements principaux de leur étude. En premier lieu, ils notent qu’il existe un flou conceptuel autour de la notion d’hybridation, qui peut désigner des situations fort variées : alternance entre présentiel et distanciel, distanciel avec modalités synchrones et asynchrones, alternance au sein d’une même formation en présentiel…
Il existe d’ailleurs des approches très différentes de l’hybridation, selon qu’il s’agit de compenser des empêchements personnels (handicaps, contraintes professionnelles ou personnelles…) ou structurels (isolement géographique), ou de saisir des opportunités économiques favorables au développement d’un organisme de formation.
Les pratiques d’hybridation peuvent quant à elles s’imposer soit pour accéder aux fonds publics (PIC, appels d’offres…), soit pour sécuriser l’activité de l’organisme de formation après l’expérience des confinements dus au Covid.
L’hybridation, un vecteur d’évolutions diverses
L’étude pointe que l’hybridation est vectrice d’évolution des organisations, en ce qu’elle a tendance à renforcer la séparation des fonctions de concepteur, d’intégrateur et de formateur, tout en favorisant de nouvelles coopérations entre ces acteurs.
La fonction d’ingénieur se développe ainsi, mais souvent au détriment de celle du formateur. Là où le premier prend en charge la conception des modalités de formation, le second voit son rôle appauvri, fréquemment cantonné à l’animation de dispositifs qu’il n’a pas créés. Une fragilisation du rôle de formateur qui s’accompagne d’une tendance à la précarisation de son statut.
Du côté des apprenants, les auteurs de l’étude dressent un bilan contrasté de l’hybridation. Si elle semble largement plébiscitée, il faut noter qu’ils n’anticipent pas toujours l’inconfort et les difficultés qu’elle génère souvent. De plus, la difficulté à accéder aux apprenants peu qualifiés conduit à l’hypothèse que ces modalités d’apprentissage hybrides ou à distance peuvent accentuer des inégalités d’accès à la formation, pour celles et ceux qui, outre les conditions logistiques (outils, espace…) dont ils ne bénéficient peut-être pas, ont besoin d’étayages plus soutenus pour s’engager dans un parcours de formation.
Enfin, les auteurs notent une quasi-absence de réflexion sur les processus de certification comme sur les modalités d’évaluation envisagées à distance ou de manière hybride.
Consultez l’intégralité de l’étude « Les formations hybrides, Rôle et représentations des acteurs dans la construction et le fonctionnement de la formation » ici.